« Au Plus Noir De La Nuit », D’après André Brink, Théâtre De La Tempête À Paris – Les Trois Coups

L'apartheid Né en 1935 dans une famille Afrikaner – descendant de colons européens arrivés trois siècles auparavant – André Brink prend conscience, dans les années soixante, de l'ignominie du régime de l'apartheid: « Je découvrais avec horreur ce que les « miens » faisaient depuis toujours, sur quelles atrocités et perversions notre fière civilisation blanche avait construit son édifice de moralité et de lumière chrétienne. » Au plus noir de la nuit relate l'histoire tragique d'un jeune Noir et d'une femme blanche. Publiée en 1974, l'oeuvre est censurée et son auteur menacé. Lui s'appelle Joseph Malan: il est noir, né en plein apartheid; son ascendance a connu un destin à la fois pathétique et fascinant, et s'il grandit à la ferme, c'est au théâtre plus tard qu'il découvre la liberté… jusqu'à devenir comédien et remporter à Londres un certain succès. De retour au pays natal, il rencontre Jessica, une Blanche avec qui, malgré les interdits, il vit une passion amoureuse. Jusqu'au soir où… Aujourd'hui, depuis la cellule où il attend un procès qui le mènera à la mort, Joseph fait revivre son passé, convoque les figures marquantes de son destin et s'interroge: quelle fatalité, mais aussi quelle soif de liberté, quelle révolte mais aussi quelles passions et illusions l'ont fait plonger au plus noir de la nuit?

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Photo Lena Roche Au Théâtre de la Tempête, la mise en scène très appliquée de Nelson-Rafaell Madel ne parvient pas à restituer toute la profondeur du roman d'André Brink. Dans sa note d'intention, Nelson-Rafaell Madel décrit Looking on Darkness d'André Brink comme un « véritable partenaire de vie », de ceux, sans doute, que l'on respecte trop pour oser se les approprier. C'est en tout cas le sentiment qui se dégage au sortir de son spectacle, Au plus noir de la nuit, que le metteur en scène a construit à partir du roman de l'écrivain engagé contre le régime de l'apartheid. Histoire tragique d'un jeune homme noir poussé au meurtre de sa copine blanche, le texte avait pourtant tout d'une odyssée. Né dans une ferme sud-africaine, Joseph Malan a osé s'affranchir de l'ordre de sa mère, celui de « rester à sa place », pour se lancer dans un théâtre de combat. Devenu comédien à succès à Londres, il décide de retourner dans son pays natal pour mettre sur pied une troupe hétéroclite qui va enflammer les planches.

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En effet de retour de Londres où il a appris l'art dramatique, Joseph Malan crée à Cape Town sa propre compagnie, un peu à l'emporte pièce, au gré de rencontres pittoresques. Il réunit une demi douzaine d'apprentis comédiens, une petite troupe d'écorchés vifs, jouant ici Antigone, là Hamlet ou Les Justes, attisant de ville en ville le feu de la rébellion souterraine qui gronde dans les home lands et finira par exploser dans les faubourgs de Soweto. Mais un jour d'avril tout bascule... L'espoir sombre dans la nuit et nos deux héros de l'amour tombent dans le néant, refusant la soumission, la séparation et l'exil. POINTS FORTS 1/ La dramaturgie Sans parler de suspense à proprement parler, puisque le dénouement nous est esquissé sinon révélé au début du premier acte avec l'évocation du parcours du jeune Joseph, né à la ferme dans le bush. Puis, fuyant l'asservissement quotidien de son peuple, il réussira à partir à Londres et en reviendra pour vivre sa passion dans son pays, passion de l'art dramatique qui l'amènera à une autre passion plus intime encore, mais fatale, celle ci.

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Mort en 2015, il est chevalier de la Légion d'Honneur, et officier de l'ordre des Arts et des Lettres. Mots-Clés Thématiques

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Reste que ce théâtre de chair et de sang mis en scène par le caribéen Nelson-Rafaell Madel laisse suffisamment de zones d'ombre pour entretenir le mystère des moyens, du comment, du pourquoi, des rôles ambigus de certains personnages, bref des circonstances du drame. La violence est contenue mais toujours présente, les tensions sont palpables, l'horreur atteint son paroxysme mais dans la dignité. 2/ La chorégraphie Les mots sont forts mais ne suffisent pas toujours pour traduire les émotions qui habitent les six acteurs de cette nuit très noire mais où l'amour est lumineux. Les acteurs racontent leur histoire avec leur corps, la relation physique prend le pas sur les dialogues. Dans uns scène extraordinaire de vitalité et de sensualité la danse habite littéralement ces corps qui brisent leurs chaînes dans une sarabande irrésistible. 3/ La résonance politique Souvenons toujours: Après 1948, au départ des Anglais, le pouvoir politique a interdit toutes relations politiques entre "races", déterminées par la couleur de peau, dans un souci tardif et hautement condamnable, évidemment, de "pureté" de la race.

Reste que ce théâtre de chair et de sang mis en scène par le caribéen Nelson-Rafaell Madel laisse suffisamment de zones d'ombre pour entretenir le mystère des moyens, du comment, du pourquoi, des rôles ambigus de certains personnages, bref des circonstances du drame. La violence est contenue mais toujours présente, les tensions sont palpables, l'horreur atteint son paroxysme mais dans la dignité. 2/ La chorégraphie Les mots sont forts mais ne suffisent pas toujours pour traduire les émotions qui habitent les six acteurs de cette nuit très noire mais où l'amour est lumineux. Les acteurs racontent leur histoire avec leur corps, la relation physique prend le pas sur les dialogues. Dans uns scène extraordinaire de vitalité et de sensualité la danse habite littéralement ces corps qui brisent leurs chaînes dans une sarabande irrésistible. 3/ La résonance politique Souvenons toujours: Après 1948, au départ des Anglais, le pouvoir politique a interdit toutes relations politiques entre "races", déterminées par la couleur de peau, dans un souci tardif et hautement condamnable, évidemment, de "pureté" de la race.

Tout est à l'aune de ce Grand Idéal théorisé par Verwoerd, père fondateur de l'apartheid et de la ghettoïsation en "South Africa¨. Tout le monde est victime du système, blancs comme noirs, et le théâtre, suspect de subversion, n'en est pas exclu. Cette fracture, ce climat violent et délétère qui sape encore aujourd'hui les fondements de la société sud africaine, a été admirablement et sans ménagements conté par André Brink, Afrikaan repenti, descendant de colons boers depuis trois siècles, et spectaculairement mis en scène par Madel. Le jeune et brillant martiniquais a su rester dans une certaine pudeur en gommant les scènes les plus insoutenables du roman pour se concentrer sur les tourments de la passion amoureuse contrariée et le rôle salvateur du théâtre. Un tour de force. 4/ L'interprétation Elle est magistrale. Des acteurs qui jouent à être acteurs, c'est magique. Tout en violence contenue, sur le simple registre de l'émotion et de l'énergie, Mexianu Medenou, dans le rôle de Joseph, nous prend à bras le corps, véritablement.