Le Silence Ne Dit-Il Rien?

Car le silence ne se conçoit que danset par le langage. On peut, pour lui redonner à juste titre sa dimension féconde etcréatrice, l'opposer au bavardage. · En effet, en tant que bavardage, le langage, à lui seul, ne remplit pas nécessairement l'intention d'une pensée. Et il peut noyer la pensée en l'absence d'unecertaine forme de silence, qui est alors créateur de sens et de valeurs. · Dans cette perspective, on s'aperçoit qu'une pensée paresseuse peut se laisser mécaniquement conduire par le langage: on dit que la lettre finit par tuer l'esprit. Il esttoujours facile de répéter des formules apprises, au lieu de réinvestir leur sens. A suivreseulement les mots, on finit par ne plus entendre clairement ce qu'ils disent. Unepensée faible s'en laisse facilement imposer. Ainsi la lettre peut se transmettre sansl'esprit qui l'animait. Une intelligence ainsi mécanisée devient incapable de donner unsens à des formules anciennes. · Le langage met parfois en péril la pensée quand il n'est pas maîtrisé et qu'il l'étouffe sous une prolifération anarchique et bruyante.

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Il est faux de penser que la F∴M∴ est une école d'humilité car je vais essentiellement parler de moi ce soir. Un jour, invité à une soirée déguisée, j'ai choisi de me travestir en homme invisible. Je me suis donc inspiré du personnage de H. G. Wells. J'ai noué autour de ma tête une bande Velpeau et au moment de partir, j'ai eu une autre idée. Si je n'allais pas à cette soirée tout en disant que j'y étais? On ne m'a pas vu, normal j'étais déguisé en homme invisible. J'ai eu un peu la même idée pour cette planche. Il était tentant pour aborder le silence de ne rien dire pendant dix minutes. De rester coi. Mais, au-delà du premier canular qui, après tout, pourrait se tenir et répondre à la commande de l'invisibilité, le second, me taire devant vous, ne relèverait que d'une imposture, d'une échappatoire. Car ce long silence ne dirait rien. Celui-ci serait infructueux, une performance qui ne tiendrait pas compte d'un élément important: le silence n'est pas une entité, une valeur universelle.

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« Analyse du sujet · Eléments de définition Silence = 1- Absence de tout bruit, et mais surtout absence de parole; le silence est donc aussi l'absence de sens. « Le silence infernal des espaces infinis », Pascal. 2- Abstention délibérée et volontaire de parole. Le silence n'est plus alors l'absence de sens, il est au contraire très significatif (ex. : qui ne dit mot consent); il peut même être, au sein des plus grandes controverses, le moyen le plus ferme de se faire entendre (ex: « le bruit que fait votre silence », Montherlant, Le maître de Santiago) 3- Aboutissement ou dépassement du discours. Le silence peut être infra discursif, c'est le silence de la brute, il peut être aussi le silence du sage dans la présence et peut apparaître comme l'horizon de la philosophie pourtant toujours nécessairement discursive. Weil, La logique de la philosophie. Dire = Faculté de s'exprimer à l'aide d'un système de sons articulés, ou le fait même de cette expression. Exécution individuelle de l'acte linguistique, elle est fonction du sujet parlant, tandis que la langue est un système n'existant que de façon sociale.

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Beaucoup de temps, d'énergie, de matière non seulement perdus mais surtout gâchés. La F∴M∴ apprend non seulement à choisir le bon sceau — le bon outil — à le colmater avant usage le cas échéant, à doser le débit de l'eau que nous allons y verser afin d'éviter tout débordement et surtout, surtout à la filtrer. Nous pouvons parfois mesurer, apprécier la qualité d'un silence à l'aune des paroles qui le suivent. Les mots alors prononcés peuvent rééquilibrer une discussion, la modérer ou même la clore. Et cela non simplement en loge. Qui n'a pas vécu dans le monde profane, cet instant: lors d'un diner ou d'une réunion, des convives croisent le fer avec les mots, argumentent bruyamment, usent de contresens, s'écoutent parler, se coupent la parole... seul l'un d'entre eux ne dit rien. Il compte les points, regarde, s'amuse ou bout intérieurement. Puis profitant d'une seconde de pause, il prononce quelques mots, juste ceux qu'il fallait pour remettre les choses en place. Ce n'est pas juste une parole, c'est une parole juste.

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Il y a le silence voulu, celui qu'installe la décence, la honte, ou auquel s'astreignent et le sage - qui ne s'exprime que lorsqu'il a quelque chose à dire -, et le moine; ce dernier se prive de parole (pour lui c'est un rcément pieux), sauf dans la salle capitulaire où, là, c'est le silence qui capitule. Qui ne connaît aussi le silence de stupeur face à l'horreur, à la catastrophe naturelle, au crime atroce, à la maladie foudroyante. Ce silence de... mort marque d'autant plus quand il est collectif. On répertorie des nuances dans le silence. Le silence imbécile est le fait de ceux qui n'ont rien à dire parce qu'ils n'en pensent pas plus. Au contraire, les muets font partie des silencieux intelligents au motif qu'ils n'en pensent pas moins! Parmi ceux qui ont l'intelligence de se taire, au moins partiellement, on évoquera le cas des individus qui ont le silence réprobateur, ceux ou celles qui ont la moue boudeuse et agréablement silencieuse, et tous les silencieux par mépris ou détestation, sentiments que leur visage exprime à qui mieux mieux.

Bien évidemment, il y a une beauté, une grandeur du silence. Mais il peut aussi être ressenti comme une insuffisance; comme une attente que seuls les mots pourront apaiser. ] Ce silence a-t-il un sens? Est-il intelligible? La raison peut-elle en rendre compte? Il semble bien que non. Ce qui se tait, dans ce silence, c'est le Logos, dans sa double acception - raison et discours. Certes, ce silence est estimable, et sans doute même est-il admirable, mais s'il est riche d'un mystère, il ne fait pas pour autant sens. [II. Vacuité du silence] Il ne s'agit pas de remettre en cause la densité de l'expérience spirituelle, mais, pour une conscience moderne, ce qui se perd dans ce silence mystique c'est l'entendement même, c'est-à-dire cet effort de la conscience humaine pour comprendre. ]